Être maman avant ou après un avortement

Nov 23, 2021

 

 

"En fait, je ne sais pas ce que je recherche. Je ressens un deuil, mais comment expliquer ce sentiment de perte alors que j’ai décidé de ne pas le garder? Est-ce qu’on peut vraiment parler de deuil suite à une interruption volontaire de grossesse? J’ai fait ce choix extrêmement difficile il y a maintenant 7 ans et demi, et j’en souffre toujours. J’ai rencontré divers psychologues depuis, mais ça ne me convenait pas. Je ne me sentais pas comprise. Beaucoup de gens ne comprennent pas, je crois, qu’on peut souffrir autant suite à un choix que l’on a fait. Aujourd’hui je planifie une nouvelle grossesse et j’aimerais être aidée pour naviguer entre les émotions du deuil non complètement résolu, de la culpabilité, du regret ainsi que la joie et les appréhensions en lien avec notre projet de bébé à venir. C’est tellement tabou d’en parler. L’incompréhension et le jugement négatif des gens m’ont menée à être très en colère, en plus de toute la colère et la culpabilité que j’avais déjà envers moi.

Donner la parole aux femmes, aux mères, aux pères, aux parents, c’est surtout ça Ça va maman. Parce que, pour prendre soin de nos enfants et leur permettre d’obtenir l’amour dont ils ont besoin, nous nous devons de lever les tabous… pour aider les parents à prendre soin d’eux. Tant de femmes ayant vécu une interruption volontaire de grossesse (IVG) souffrent en silence parce qu’elles ont l’impression qu’elles n’ont pas le droit de ressentir de la tristesse. Après tout, c’était leur choix, diront certains! Pourtant, combien de femmes se sentent coupables de pleurer alors que d’autres ont perdu leur bébé involontairement par fausse couche. 

L’interruption volontaire de grossesse, aussi connue sous le nom d’avortement, est l'une des procédures médicales les plus anciennes, les plus courantes et les plus controversées. Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles une femme ou un couple demande un avortement :

  •         Une mauvaise situation financière
  •         Le sentiment de ne pas être prête à prendre cette responsabilité
  •         Un bébé serait un trop grand changement dans leur vie
  •         Avoir des problèmes relationnels
  •         Ne pas souhaiter accueillir un enfant en tant que célibataire
  •         Se percevoir comme étant trop jeune ou peu mature  
  •         Ne plus vouloir d’enfants comme les enfants sont grands ou la dynamique familiale est chargée    
  •         Le bébé ou la femme peuvent avoir des problèmes de santé
  •         La grossesse est le résultat d’un viol ou de l’inceste
  •         Ou tout simplement votre raison à vous

 

La recherche montre que l'avortement peut être associé à la dépression, l'anxiété ou le trouble de stress post-traumatique. Toutefois, comme le tabou persiste, particulièrement pour les IVG en début de grossesse, plusieurs femmes vivent avec leurs symptômes dans la solitude. Dans ce contexte, la santé psychologique peut être encore plus fragilisée. 

Cela dit, refuser aux femmes le droit à l’avortement est plus susceptible de leur faire vivre davantage d’anxiété, un faible sentiment de satisfaction face à leur vie, et une plus faible estime de soi comparativement aux femmes qui ont subi un avortement. Cette situation peut donc négativement influencer le développement des enfants issus d’une grossesse non désirée.  

 

« Je me suis souvent demandé de quoi tu aurais eu l’air… »

 

Peu importe la raison qui vous a amené, ou qui vous amène, à choisir l’avortement, il est possible que vous viviez une panoplie d’émotions et de sentiments. De la tristesse, de la peur, du soulagement, de la frustration, du regret ou de l’inquiétude. Tout cela est possible.

Malgré les critiques et les blâmes que vous avez pu entendre où que vous vous dites à vous-même, prendre cette décision ne veut pas dire que vous êtes une mauvaise personne, que vous n’avez pas de sentiments, ni même que vous n’auriez pas aimé être maman. L’avortement peut se vivre avec beaucoup d’ambivalence dans certains cas.

Votre relation conjugale, votre contexte de vie, votre environnement professionnel et les différentes sphères qui gravitent autour de vous sont à réfléchir. Vivre une grossesse non désirée est un facteur de risque pour la santé mentale des femmes. Ainsi, offrez-vous le temps et la bienveillance dans ce processus de réflexion. Trouvez une personne de confiance pour partager vos émotions et également pour obtenir du soutien psychologique.

De la même façon, si vous trouvez difficile d’avoir opté pour un avortement par le passé, souvenez-vous que vous avez fort probablement pris la meilleure décision en fonction du contexte dans lequel vous étiez. N’hésitez pas à vous offrir un espace, par l’art, l’écrit ou par la parole avec une autre personne, pour déposer vos souvenirs, vos émotions et vos pensées. Donnez-vous la permission de cheminer dans votre processus de deuil, et pour certaines, de pardon envers vous-même.  

Pour terminer, si vous lisez ces lignes alors que vous êtes dans une relation conjugale violente, une grossesse non désirée peut non seulement maintenir ce cycle négatif, mais il peut également mettre en danger les enfants issus de cette union. Peu importe votre décision, rappelez-vous de faire appel à une ressource d’aide comme S.O.S. Violence conjugale pour ne pas vivre dans l’isolement. 

 

À toutes les mamans qui ont vécu une IVG par le passé ou songent à la demander, rappelez-vous que vous n’êtes pas seule. Ce que vous ressentez est valide. Offrez-vous du temps pour retrouver l’équilibre émotionnel si vous ne le ressentez plus. 

 

Dre. Lory Zephyr, psychologue spécialisée en santé mentale maternelle, périnatalité et attachement parent-enfant. 

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