Comment réagir au stress et à la peur

Feb 03, 2025

Par Dre Lory Zephyr, psychologue spécialisée en santé mentale maternelle et cofondatrice de Ça va maman

 

Ça y est. 

Donald Trump a exécuté sa promesse d’imposer des tarifs douaniers aux produits canadiens. 

Incrédulité. Colère. Incompréhension. Peur. Stress. Panique. Et ça, pour plusieurs. 

On entend les mots “pertes d’emplois” et “récession” en boucle depuis les derniers jours et on sent bien que les élus sont, eux aussi, bien chamboulés (et choqués!) par ce qui se produit en ce moment.  

Je n’ai pas la réponse à tout et je ne suis pas non plus analyste politique ou financière. Voici toutefois quelques pistes qui pourraient nous aider à passer au travers de ces émotions qui nous habitent en ce moment. 

 

  • Peur et réseaux sociaux ne font pas toujours bon ménage

Vos médias sociaux ont probablement été pris d'assaut par des nouvelles, des actions à la mobilisation et des opinions de tout genre. S’informer est une chose, être bombardé d’informations en est une autre. Sans fermer les yeux sur ce qui se passe, il peut être nécessaire de prendre une pause des réseaux sociaux lorsque vous sentez que cet afflux est trop envahissant. D’ailleurs, je précise que la rapidité des réseaux sociaux peut être fertile pour faire des amalgames de la situation actuelle. Par exemple, nous voyons circuler des façons de se mobiliser face à cette guerre financière. Le comment toutefois n’est pas relayé de la même façon. Cet article de La Presse montre bien que des nuances existent. Dans ce même ordre d’idées, “les Américains” n’est pas synonyme de “Donald Trump”. Des gens souffriront des deux côtés de la frontière. Lorsque cette guerre économique sera terminée, des ponts politiques et structuraux seront à rebâtir, les liens humains seront précieux pour faciliter cette reconstruction

 

  • Se mobiliser chacun à sa manière

Le climat politique et financier actuel nous affectera tous différemment. Face à l’insécurité et au stress, l’humain n’a pas les mêmes façons de réagir. Certains pourraient avoir tendance à: 

 

  • Fuir/éviter: Se couper des nouvelles au maximum, peu en parler avec les autres, faire comme si de rien n'était, etc. 
  • Se battre: Se mobiliser, s’engager envers des causes, solliciter activement les autres, etc.
  • Figer: Se sentir paralysé dans nos choix et actions


 

Réagir au stress

Je vous parle ici des différentes façons de réagir pour éviter de tomber dans le piège de cette guerre économique qui est, selon moi, de nous diviser. La réalité est que nous n’avons pas tous les mêmes façons d’interpréter ce qui nous arrive, ni le même contexte ou façon de se mettre en action. Nous n’avons pas tous le même type de personnalité ou le même pouvoir d’achat par exemple. Ainsi, si votre amie décide de se désabonner de certains services télévisuels américains, et que ce n’est pas le cas pour vous, évitons de créer des conflits interpersonnels au détriment de la force de passer au travers ensemble. Plusieurs Québécois perdront leurs emplois, les systèmes qui nous entourent seront chamboulés, alors la force de se tenir ensemble, d’être empathique, de prendre soin de nous et de l’autre prend tout son sens. 

 

Canaliser son énergie: Confrontés au stress, nous emmagasinons de l’énergie justement pour réagir à la menace. Vous le ressentez peut-être dans votre corps et votre attitude. Tensions musculaires, insomnie, maux de tête, irritabilité, etc. Développer des stratégies pour apaiser votre stress sera utile dans les prochains temps pour plusieurs. Que ce soit d’aller courir, de méditer ou d’aller rire un bon coup avec des ami(e)s, trouvez ce qui vous aide à calmer un peu ce stress. L’objectif n’est pas de ne plus en avoir du tout mais bien que cet état ne soit pas trop envahissant. Évoluer en y allant un jour à la fois peut aussi être aidant. 

 

Vous avez peur de perdre votre emploi? Vous l’avez encore aujourd’hui. Collez-vous à ceci. Vous anticipez une 3e guerre mondiale? Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Restons dans l’instant présent. 

 

Le but, encore une fois, n’est pas de ne rien planifier, mais bien de trouver un juste équilibre entre nos actions conscientes et réfléchies comparativement à celles poussées par la panique. 

 

Revenir à l’essentiel: La situation politique et économique actuelle vous amène certainement à vous sentir impuissant(e). Nous avons collectivement besoin de nous rappeler que nous avons encore le contrôle sur l’essentiel. L’amour, la beauté, s’émerveiller, se réunir, rire, partager, s’entraider, braver, jouer ou créer dans notre quotidien sont, et seront, toujours à notre portée. Revenez à ce qui est essentiel pour vous dans les moments où vous avez un sentiment de vertige face à ce qui arrive. Dans ce même ordre d’idée, vous avez aussi du contrôle sur l'attention que vous portez à certaines pensées. 

 

Et si, ça dégénère? peut être très angoissant. Investir une pensée alternative comme: 

 

Et si, les conséquences seront moins graves que ce que j’imagine? 

 

L’objectif ici n’est pas de vivre dans un monde utopique, mais bien d’accorder une juste valeur à toutes les possibilités et non uniquement celles qui nous paralysent. 

Finalement, j’ai envie de terminer sur ceci; Si l’on se fie à ce qui est annoncé, les temps seront durs. Ceci dit, une crise ça sert aussi à grandir, à changer, à évoluer, à réfléchir. Autant dans nos vies personnelles que collectivement. Non pas que c’est agréable et que nous avons à chercher activement les opportunités de vivre des crises, mais bien dans une optique que tant qu’à la vivre, apprenons, tirons profit. Et si ce que nous vivons collectivement nous permet d’éveiller nos consciences, de revoir nos habitudes de vie, de trouver des alternatives locales formidables, de mieux voir notre pouvoir comme consommateur, de nous rallier entre nous. 

 

L’humain est fait pour s’adapter. 

 

Nous avons ce qu’il faut en nous pour rebondir. Il faut voir aussi ce que nous avons instinctivement en nous. 

Nous allons nous adapter. Nous allons rebondir. 

 

Biographie

Dre Lory Zephyr, psychologue

 

Je suis une psychologue spécialisée en santé mentale maternelle, attachement et périnatalité.

Je pratique présentement en clinique privée et j’ai pu observer au fil des années comment les mères se sentaient trop souvent seules avec leurs difficultés. C’est pour cette raison que j’ai décidé de vulgariser la santé mentale maternelle. J’ai, entre autres, écrit les livres Maman en Construction (Éditions de l’Homme, 2018) et Ça va, maman? (Éditions de l’Homme, 2021). En plus d’offrir des conférences sur mes domaines d’expertise et de former des intervenants, je suis régulièrement invitée à me prononcer sur différents aspects de la vie des mamans et des familles dans les médias. Je travaille aussi étroitement avec le laboratoire d’études sur le développement de l’enfant et sa famille (Chaire de recherche du Canada sur l’attachement et le développement de l’enfant), particulièrement pour la communication avec le public.

En rencontrant Jessika, j’ai trouvé une âme-sœur qui avait le même désir d’enfin faire une place aux mères, leurs expériences et le soutien dont elles ont besoin. Avec Ça va maman nous pouvons les rejoindre directement et les accompagner dans tout ce que la maternité peut leur faire vivre.

Psst….je suis aussi une maman ;) !

Recevez un peu de douceur pour votre coeur de maman

Inscrivez votre nom et votre courriel et recevez, une fois par mois, un petit mot d'encouragement.